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Radio France Internationale
1975 – 1996 (L’histoire de RFI)
1975-1996 : RFI l’Africaine est lancée
« Bonjour, une nouvelle radio est née : Radio France Internationale. » Le 20 janvier 1975, RFI émet pour la première fois sous sa forme actuelle. Finies, les incohérences du passé. L’objectif est clair : l’Afrique d’abord ! Intégrée à Radio France, la radio veut devenir un lieu de dialogue, un carrefour des civilisations et des sociétés.
Grâce à 20 émetteurs ondes courtes, 17h30 d’émission sont émises chaque jour, dont certaines en langues étrangères. On réfléchit à une grille pertinente. La santé, mais aussi le sport, y trouvent leur place. Le public africain est au rendez-vous : sous-informé, le continent a besoin de savoir ce qu’il se passe chez lui. Progressivement, la chaine Sud, comme on l’appelle alors, s’affirme : Fouad Benalla en devient le directeur. Il arrache à François Mitterrand un plan quinquennal de développement.
Puis Hervé Bourge arrive à la tête de RFI. La radio se veut humaniste, militante des droits de l’homme, face à la bataille idéologique que se livrent Voice of America, la BBC et Radio Moscou. Le positionnement n’est pas simple pour autant. Des ambassadeurs se plaignent de voir des opposants politiques régulièrement invités dans les studios : chaque jour, hommes de théâtre et de cinéma, musiciens, artistes et intellectuels africains s’expriment à l’antenne.
Alors que RFI commence à prendre son envol, des tensions apparaissent entre les journalistes de la rédaction et ceux de France Inter, dont certains programmes sont encore relayés à l’antenne. Ils n’ont pas le même souci et ne parlent pas aux mêmes personnes : s’adresse-t-on aux expatriés ou aux francophones ? L’entente éclate définitivement lorsque, suite à des rumeurs de coup d’Etat au Cameroun, le journal de 19h de France Inter déclare, un peu trop légèrement pour RFI : « ça bouge au pays de Yannick Noah. »
La radio du monde entier
On cesse les rediffusions de France Inter et on multiplie les embauches. RFI, désormais concentrée sur son public, avec des programmes dédiés et ciblés, remonte la pente et se place au 8ème rang des radios internationales. La réponse est claire : la radio internationale émet pour les francophones, pas seulement pour les expatriés. Elle se veut la radio du monde entier.
Le 1er janvier 1987, RFI quitte le giron de Radio France pour devenir une société nationale de programmes à part entière, tout en restant logée à la Maison de la radio. Jacques Chirac impose le libéral Henri Tézenas de Montcel comme premier PDG. C’est à cette époque qu’est mis en place le Tour du Monde des correspondants pour valoriser ce réseau qui s’étoffe. La radio s’ouvre davantage sur l’Asie. Les langues arabe, persane et chinoise ont leurs propres rédactions.
Fini, les couleurs du drapeau français et la déclinaison des notes de la Marseillaise dans l’habillage d’antenne : RFI se dote d’un nouveau logo, rouge et blanc, et invente un nouveau jingle. C’est désormais le Ministère des Affaires étrangères qui assume la moitié de son financement, et non plus la seule redevance. Soutenue par un offensif plan de développement des relais FM en Afrique et en Europe de l’Est et du Centre, la singularité de RFI s’affirme dans le paysage de l’audiovisuel public français.
La qualité d’écoute s’améliore à l’extérieur de France, et dans le pays, la radio diffuse désormais en ondes moyennes et en FM. En 1991, elle émet ainsi pour la première fois à Paris et en Île de France sur le 89 FM. L’année suivante, les langues étrangères suivent sur les ondes moyennes, et profitent aux diasporas qui écoutent les informations dans leur langue maternelle. Dakar, Moscou, Paris, Pékin… Ça y est, la radio est de nouveau « la radio mondiale ».
Des stagiaires entre les familles et les otages
La crise du Golfe, qui devient bientôt la guerre du Golfe, rend sa présence incontestable. Des bulletins en arabe succèdent chaque jour aux journaux en français, et des messages des familles à destination des otages retenus en Irak sont diffusés. Ce sont des stagiaires d’été qui se chargent de cette tâche particulière. Caroline Paré, aujourd’hui à la tête de Priorité Santé, débute ainsi à RFI. Bientôt, l’URSS s’effondre. Le monde bouge, et il faut à nouveau repenser l’organisation de la radio, qui épouse depuis ses origines les évolutions géopolitiques. RFI s’empare d’un nouvel objectif : séduire de nouveaux auditeurs… sans perdre les anciens.